Agriculture et environnement en Languedoc-Roussillon
       fiches techniques

Les terres abandonnées sont souvent mal perçues pour des raisons paysagères, à cause des risques
d'incendie et de la propagation d'adventices.
Elles sont pourtant d'un grand
intérêt écologique.

Un milieu changeant

Les friches évoluent naturellement après l'arrêt de la culture, de façon différente selon les régions. Par exemple, près de Montpellier, les stades sont les suivants :

En région méditerranéenne, il faut environ un siècle à une friche pour se transformer en forêt. Le feu et le pâturage viennent souvent entraver cette évolution au profit de milieux relativement stables : pelouses, garrigues ou landes.

Des rôles multiples

Les friches contribuent à :

•  la protection des sols contre l'érosion et leur restructuration

•  l'épuration des eaux de ruissellement

•  la biodiversité , car elles sont riches en insectes, en graines, en petits mammifères et en plantes à fleurs attirant les auxiliaires pollinisateurs (voir fiche n° 4)

•  la conservation des ressources génétiques de la flore sauvage. Les pelouses à brome et à brachypodes qui s'installent au bout de 20 à 30 ans d'abandon des cultures font partie des habitats naturels à préserver en Languedoc-Roussillon. Plus de 40 espèces d'arbres et arbustes s'installent après abandon des oliveraies et des vergers.

•  la récolte des plantes médicinales et aromatiques , des asperges, des salades, des fruits sauvages, etc.

Recommandations

La gestion des friches

Une friche n'est pas nécessairement un espace abandonné. Il est possible de l'entretenir pour améliorer son potentiel écologique. L'intérêt est de disposer, dans un territoire donné, de friches à différents stades d'évolution, ce qui permet d'obtenir une grande diversité floristique et faunistique au sein de la mosaïque agricole.

Des dispositifs comme la Reconversion Qualitative Différée du vignoble ou bien les cultures faunistiques (fiche n°21) permettent, par le jeu des remises en cultures et des abandons, l'expression de cette diversité. Pour conserver des friches à des stades jeunes, il faut :

•  maintenir la végétation herbacée dans les zones à vocation pastorale, pour le paysage ou la protection contre l'incendie ;

•  maîtriser la progression des arbres et arbustes par gyrobroyage mécanique tous les 2 ou 3 ans ou par brûlage agricole (fiche n°20) ;

•  intervenir hors des périodes de nidification des oiseaux et de floraison (du 15 avril au 1 er juillet) ;

•  faucher ou gyrobroyer du centre vers la périphérie pour permettre à la faune de s'échapper.

Dans les territoires où des oiseaux nichent au sol, il est important de conserver de l'herbe sur des superficies d'au moins un à deux hectares d'un seul tenant.

Il est possible de favoriser l'installation d'un couvert forestier en sélectionnant progressivement les espèces à fruits comestibles et à bois noble.

Attention à ne pas localiser de cultures de semences à proximité de friches pour éviter la dissémination de graines d'adventices.

Coûts

Le coût d'intervention et d'entretien d'une friche varie entre 100 à 280 € / ha selon la densité des arbres et arbustes et selon la méthode d'entretien utilisée.

Pratiques

•  Eviter de niveler, combler ou drainer les friches où l'eau s'accumule. Elles peuvent devenir avec le temps des mares temporaires méditerranéennes (voir fiche n° 16). Contenir simplement les arbustes par arrachage ou gyrobroyage tous les deux ou trois ans.

•  L'installation de cultures non productives peu denses et le labour de friches anciennes (20-30 ans) risquent de favoriser la colonisation par des espèces envahissantes difficilement contrôlables comme le Séneçon du Cap. Préférer un semis direct si on souhaite améliorer la qualité fourragère.

•  Pour les friches de vignes, au moment de l'abandon, s'assurer de l'arrachage des ceps, pour éviter de créer des foyers de maladies.

Expérience

Les propriétaires de Lespignan se sont organisés pour gérer les friches d'anciennes vignes dans les basses plaines de l'Aude avec la Commune, le Département de l'Hérault et le Conservatoire des Espaces Naturels. Un berger est installé, qui fait parcourir un troupeau ovin et fauche les prés issus des friches.

Les jardins en friches  : l'architecte Gilles Clément introduit dans les jardins des plantes provenant de friches et met en valeur leurs qualités esthétiques.

La gestion partenariale et conventionnée des friches de la zone périurbaine de Perpignan a bénéficié de financements européens et de la participation de nombreux acteurs locaux : agriculteurs, propriétaires, élus, associations naturalistes…

En savoir plus

Renseignements  : Conservatoire des Espaces Naturels du Languedoc-Roussillon, 474 Allée Henri II de Montmorency. 34000 Montpellier. Tél : 04 67 29 99 71 ¦ Chambre Régionale d'Agriculture, Mas de Saporta, 34875 Lattes. Tél : 04 67 20 88 63.

Références : COUPLAN F. Les friches : une chance pour la nature ? La Garance Voyageuse n° 65  ¦ DEBUSSCHE M., ESCARRÉ J et LEPART J. 19 - La friche. Pour la Science n° 188 ¦ DERIOZ P. Les friches, indicatrices des dynamiques spatiales et paysagères ¦ GEYSER. La fr iche aux mille ressources. Terre Vivante, juin 1997 ¦ GEYSER. Gérer la friche. Terre Vivante, déc. 1997 ¦ CNDP. La Friche. CD Rom ¦ CLEMENT G. 2001 Le jardin en mouvement, de la vallée au jardin planétaire. Sens & Tonka éditeurs ¦ Communauté d'Agglomération Têt-Méditerranée - Paysage et gestion des espaces naturels périurbains, Programme LIFE.

Photos  : CEN L-R.