Agriculture et environnement en Languedoc-Roussillon
       fiches techniques

Vestiges des dernières glaciations, ces zones gorgées d'eau sont couvertes
d'une végétation singulière.

Les conditions de vie y sont extrêmes et limitent la décomposition de la matière organique, qui s'accumule au rythme moyen d'un demi-millimètre par an pour former la tourbe. Son épaisseur peut varier de quelques centimètres à plusieurs mètres.

Les multiples facettes des tourbières 

•  Comme toutes les zones humides, elles régulent et préservent l'eau : stockage, filtration des polluants, régulation des débits…
•  En fin d'été, lorsque les prés sont secs, elles représentent une précieuse ressource de pâturage.
•  Refuges pour une faune et une flore particulières, elles ont une très forte valeur patrimoniale.
•  Leur ancienneté et les propriétés conservatrices de la tourbe font de ces témoins du passé de véritables archives naturelles. On y retrouve du pollen datant d'époques très anciennes.
•  Elles constituent des paysages fabuleux, évocateurs de légendes.

Recommandations

Les menaces

La moitié des tourbières françaises a disparu depuis 50 ans. Les menaces sont nombreuses : abandon de pratiques traditionnelles, drainage et assèchement, mise en culture, écobuage, création de plans d'eau artificiels, extraction industrielle de tourbe, etc.

Intervenir avec prudence

Conserver les tourbières, c'est d'abord préserver l'engorgement naturel des sols en maintenant leur fonctionnement hydraulique naturel et en évitant tout drainage et captage.

Ces milieux exceptionnels et très fragiles demandent un maximum de précautions et un minimum de perturbations. Les milieux périphériques (prairies humides…) doivent également être gérés avec précaution. N'hésitez pas à prendre conseil (voir plus bas).

Contenir les ligneux

La dynamique des arbres est parfois préjudiciable à certaines tourbières.

•  Eliminer les arbres qui envahissent la tourbière (coupes systématiques ou sélectives).

•  Veiller à exporter les débris végétaux avec précaution. Les laisser sur place enrichirait le milieu et en modifierait les conditions.

•  Epoque des travaux : fin d‘été, lors de l'étiage et hors périodes de reproduction de la faune.

•  Intervenir de façon tournante (une partie de la tourbière une année et l'autre l'année suivante), pour conserver des zones refuges pour la faune et limiter les perturbations.

•  Des arbres et arbustes peuvent être conservés pour diversifier le milieu, ainsi que les arbres morts.

•  Limiter la dynamique des jeunes arbres, en particulier des résineux (coupe ou arrachage manuel).

Le pâturage

L'élevage extensif, sans être indispensable, peut participer au maintien de la diversité biologique de certaines tourbières. Dans ce cas :

•  Inclure une zone non tourbeuse dans le parc pour éviter le piétinement qui provoque un tassement du sol et modifie le milieu : les tourbières y sont très sensibles.

•  Toujours pour éviter le piétinement, installer les points d'abreuvement ou de nourrissage du bétail en périphérie de la tourbière.

•  Le maintien ou l'amélioration du potentiel pastoral des zones périphériques (maintien des milieux ouverts) permet de limiter le chargement sur la tourbière elle-même .

•  Mettre en défens les zones les plus sensibles.

•  Opter pour un faible chargement instantané (inférieur à 1 UGB/ha) et éviter tout pâturage avant mi-juin en raison de la sensibilité du milieu.

Surcoûts de gestion 

Elimination et évacuation de jeunes arbres : 36 €/ha ; fauche tardive : 45 à 150 €/ha ; fauche et évacuation des végétaux : 85 à 215 €/ha.

Expérience

En Lozère, le service SAGNE 48, mis en place par le Conservatoire Départemental des Sites Lozériens et l'Agence de l'Eau Adour Garonne , encourage une gestion durable des zones humides et des tourbières. Sur demande, il intervient gratuitement sur site pour toute question relative à la gestion des zones humides et il apporte un appui technique : diagnostic écologique, guide de gestion en partenariat avec le gestionnaire (agriculteur, forestier, collectivité locale…), montage de dossiers de financement, suivis, etc.

Cet appui passe par l'adhésion gratuite au réseau de gestionnaires et par une convention établissant les engagements mutuels pour la mise en œuvre d'une gestion durable des milieux humides. Réunions et journées de formation sont également réalisées.

Contact Sagne 48 : 04 66 49 28 78. cdsl@wanadoo.fr

En savoir plus

Renseignements  : Conservatoire des Espaces Naturels du Languedoc-Roussillon, 474 Allée Henri II de Montmorency. 34000 Montpellier. Tél : 04 67 29 99 71 ¦ Chambre Régionale d'Agriculture, Mas de Saporta, 34875 Lattes. Tél : 04 67 20 88 63.

Sources  : Conservatoire D épartemental des Sites Lozériens. De la découverte à la gestion durable des tourbières ¦ Colas S., Hébert M. et al., 2000. Guide d'estimation des coûts de gestion des milieux naturels ouverts. Espaces naturels de France, programme Life-Environnement " ¦ Conservatoire des Sites naturels du Nord Pas-de-Calais, 2001 : Les tourbières et bas-marais. ¦ Espaces Naturels de Midi-Pyrénées, Conservatoire Régional, 1999. Programme Life Tourbières de Midi-Pyrénées. Les tourbières de Midi-Pyrénées ¦ Espaces naturels de France, 1998. Programme Life-Nature " Tourbières de France " La gestion conservatoire des tourbières de France.

Photos  : CEN L-R ¦ T. Gendre.